vendredi 29 mars 2024

Hastings et Bexhill : deux univers différents et complémentaires de la Creative Coast

Hastings et Bexhill : deux univers différents et complémentaires de la Creative Coast

Avec le Brexit, Borders est un sujet chaud de l’actualité britannique au cœur de tous les débats et dans tous les cœurs aussi. Ce sera donc LE sujet imposé aux artistes de la saison 2020 de l’England’s Creative Coast.

Mais qu’est au juste Creative Coast ?
L’exposition, de mai à novembre 2020, au grand public via les rues des villes, les galeries et les musées, du travail d’artistes locaux, britanniques et étrangers sur la thématique Borders (frontières) imposée. L’England’s Creative Coast est la réunion presque « labellisée » des côtes maritimes – waterfront- des Kent, Essex, South Essex and Sussex établies ensemble autour d’une destination proposée comme un « voyage artistique ». Autant de comtés « so old Fashion British » particulièrement concernés par le Brexit, eux qui voient de nuit les lumières des côtes françaises à peine à quarante kilomètres face à eux. Sont impliquées dans cette démarche artistique entre autres villes, celles de Folkestone, Hastings, Bexhill, Eastbourne lesquelles possèdent chacune des spécificités complémentaires à découvrir en plus des expositions.

Hastings : seconde étape de la Creative Coast

rey Harbour

Les bateaux du petit port de Rey Harbour, ville où vécu MacCartney.

 

En quittant Folkestone pour venir à Hasting on traverse le petit port de pêche traditionnel de Rye Harbour, une bourgade où vécu Paul McCartney, très célèbre aussi pour fournir les environs en produits de la mer de qualité !
Le plus frappant à Hasting est la largeur de la plage, l’une des plus large d’Angleterre. Si large qu’elle permet de mettre les bateaux sur cale à l’abri de assauts des vagues et du vent. Une promenade incontournable de la ville.
Posé sur la plage, en plein centre de la ville, le musée Hastings Contemporary.

Noir, cubique, aux lignes ultra simples comme les cabanes de pêcheurs alentours auxquelles il fait écho, c’est le plus récent musée britannique.

Hastings Contemporary

Facade du Hastings Contemporary,imitant à la perfection les cabanes des pêcheurs alentour. ©Judith Lossmann ©La Vie Est Belle Voyages

Les autres sont restaurés, aménagés, agrandis. Celui-ci, fondé en 2012 est un bâtiment eco-friendly doté de belles salles à taille humaine, pas trop imposantes pour créer de l’intimité avec les visiteurs et évolutives si nécessaire. Actuellement les murs du Hastings Contemporary accueillent Victor Willing, un artiste anglais très rare. La seule exposition de son vivant fut celle de la White Chapelle à Londres. Un immense succès à l’époque auquel son départ pour le Portugal, où il allait épouser sa femme Paula Rego, avait mis un stop irréparable avec son public britannique. Très inspiré par Picasso et Matisse, on lui attribue une centaine d’œuvres et au moins deux « époques ». La première classique et académique, où il disait « être préoccupé par ce que les gens pensaient de son travail » et la seconde entièrement libéré par la maladie chronique, la sclérose en plaque qui le tuera à 60 ans, où « il ne fera que comme ça lui plait, sans se soucier des commentateurs et des critical thoughts. » Les œuvres présentées ici viennent des galeristes et collectionneurs, des fonds privés de sa femme, elle-même peintre très connue, et de leurs enfants. On se plait à traverser le temps avec Willing. Une belle découverte d’un artiste pratiquement méconnu outre-Manche et qu’il faut découvrir avant que sa côte ne recommence à grimper. Personnellement, je préfère entre toutes, ses dernières œuvres peintes quelques mois avant sa mort. Elles sont dénuées de tout artifice et disent le dénuement volontaire de l’artiste prêt à céder sa place. Incandescent !

Les dernières oeuvres de Victor Willing

Les dernières oeuvres de Victor Willing photographiées au Musées Hastings Contemporary. ©Judith Lossmann

 

Ici comme à Folkestone, les maisons avec bow-windows alignent leurs façades souvent blanches avec de charmants jardinets devant, dont les Britanniques, allez savoir comment, réussissent toujours à transformer en Eden. C’est sûr, ils ont la main verte et le sens du végétal nos cousins anglais ! Ici plus qu’ailleurs, les magasins affichent des airs old Fashion. On se laisse transporter dans un autre siècle. Pas forcément le 20ème, peut-être même encore avant. J’ai repéré quelques belles boutiques de type « charity business », brocanteurs-antiquaires qui feront notre bonheur d’amateurs de vieux objets ayant une âme et un vendeur de vieilles affiches sur la thématique mer & villégiature tout à fait ravissantes. Le tout à des prix en pounds (£) bien plus intéressants qu’en France. Traversez donc le chanel avec un coffre vide, il y a des affaires à faire.

Bexhill : une autre ville étape de la Creative Coast
À quelques encablures de Hastings, le paysage côtier change radicalement de visage. Ici, finies les cabanes de pêcheurs. Sur la plage trône une longue enfilade de maisons bases, en pleine face mer, dont certaines incarnent à fond le jeu de l’originalité british. La promenade fait penser à nos planches de Deauville et conduit au bâtiment incontournable de la cité, le De La Warr Pavilion. Une sublime construction des années 1935, édifié dans la veine de l’architecture moderne et du mouvement Bahaus, celle de Le Corbusier et non pas Art Déco comme beaucoup le croient. Un bâtiment iconique présent au cœur de la vie de tous les habitants depuis et pour plusieurs générations. Chacun ici a, de près ou de loin, un lien avec le de La Warr Pavilion. Une fête, un mariage, un symposium, des balades, des découvertes artistiques, des moments conviviaux sur l’immense terrasse. Posé entre terre et mer, le De La Warr était tombé dans une triste désuétude dans le courant des années 1990. Et même s’il n’a jamais cessé de « fonctionner », son état nécessitait des rénovations d’urgence. Des fonds privés et une opération de Charity Founds de huit millions de livres ont permis sa quasi réhabilitation rendant au bâtiment les fonctions qui avaient présidé à sa construction : être accessibles à tous. À l’époque (pour rappel internet et la TV n’existaient pas) les gens venaient pour être éduqués, pour découvrir des « choses » inconnues via des conférences, des expositions, des rencontres. Si l’extérieur n’a pas changé, tout l’aménagement intérieur a bougé. Demeurent les très belles structures du bâtiment, les escaliers, l’enfilade de salles, les terrasses, les sols d’origine , le superbe lustre d’Erich Mendelssohn, une pièce unique et originale créée pour l’inauguration de 1935.

lustre, De La Warr Pavilion, Bexhill

lustre, De La Warr Pavilion, Bexhill. ©Judith Lossmann

Actuellement, le De La Warr Pavilion accueille deux expositions. Dans le cadre de la Creative Coast et du thème 2020 : Borders, plusieurs artistes exposeront leurs œuvres. Une jeune britannique de 30 ans, Holly Hendray, sculptrice, va travailler sur le sens de « l’intérieur et de l’extérieur », du « Inside et de l’outside » afin d’utiliser au mieux les espaces d’expositions ouverts sur la terrasse du rez-de-chaussée et la mer ! Dans cet esprit, l’artiste va travailler sur la métaphore du corps et de la terre à travers l’action des vers. Les vers mangent et digèrent comme les briques qu’elle adore sont le résultat des machines qui mangent la terre, la digère et la transforme. Elle va présenter des œuvres autour de ce contraste entre la machine qui creuse et les briques qui élèvent des édifices ! À l’heure où le monde s’emmure, Renée So, céramiste travaille quant à elle sur les murs. Mur du Mexique, mur du Brexit…


INFORMATIONS PRATIQUES

 

Venir sur la Creative Coast
Depuis la France via l’Eurostar (Gare du Nord) et descendre à Ashford. Puis en voiture de location jusqu’à Folkstone (20 à 30 min).
Depuis Londres, en train depuis la gare de Saint Pancras. www.southeasterrailway.co.uk

 

Infos culturelles
Contemporary : www.hastingscontemporary.org
Victor Willing : #willingVisions
De la Warr Pavilion : www.dlwp.comwww.dlwp.com/exhibition/renee-so/www.dlwp.com/exhibition/mikhail-karikis

Déjeuner à Hasting
On prolonge sa visite du Contemporary avec un excellent lunch dans son Gallery Café avec vue sur la mer et les bateaux depuis les salle et terrasses.

L'arrièere du De La Warr Pavilion à Bexhill

L’arrière du De La Warr Pavilion à Bexhill. ©Judith Lossmann

 

Déjeuner à Bexhill
Ici aussi on prolonge agréablement les visites des expositions et du bâtiment dans le coffee shop, le Café-Bar Kitchen, lequel propose un afternoon menu, un assortiment irrésistible de sandwiches et des gâteaux. www.dlwp.com/cafe-bar-kitchen/afternoon-menu

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