vendredi 29 mars 2024

Âmes, oiseaux, phalène… les plumes volent haut et beau !

Âmes, oiseaux, phalène… les plumes des femmes volent haut et beau !

Isabelle Desesquelles avec Les âmes et les enfants d’abord, L’âme prêtée aux oiseaux de Gisèle Pineau et Phalène fantôme de Michèles Forbes ont en commun bien des choses. Des livres de femmes. Des livres d’émotions ensuite. Des livres d’amour enfin. Mais pas l’amour gnangnan des romans à l’eau de rose,  non l’amour qui fait du mal après avoir fait du bien, l’amour de l’autre, fut-il inconnu, l’amour maternel enfin.

Phalène fantôme de Michèle Forbes au Quai Voltaire

En 1969, Katherine et Georges, son mari, partent de Belfast pour profiter d’un bain de mer en famille. Nombreuse la famille, comme toute les familles catholiques de l’Irlande de ces années-là. Le plaisir de Katherine est vite gâché par sa rencontre inopinée avec un phoque surgi des abysses. Immobile, il la fixe. Assaillie par la peur, elle panique, manque de se noyer. Un cauchemar. La famille rentre au plus vite. Cette rencontre improbable va actionner la mémoire de Katherine et des souvenirs vieux de deux décennies remontent, mettant en péril son existence toute entière. Et l’on découvre, derrière la femme accomplie qu’elle semble être aujourd’hui, entourée de ses enfants qu’elle eut des rêves et d’autres amours que le trop sage Georges.  Entre 1949 et 1969, 20 ans ! L’auteur donne à lire un maillage étroit entre passé et présent. Un temps rempli de Phalène fantômes…

 Les Âmes et les enfants d’abord d’Isabelle Desesquelles chez Belfond

A Venise, une femme rencontre celle qui n’a plus de corps, plus de face : la mendiante. Son âme engloutie par quelque chose de plus noir encore que les eaux de la Sérénissime : l’indifférence. L’une tient la main d’un enfant, l’autre tend la sienne vers un ciel aveugle. Il y a celle debout ; il y a celle à genoux. Immobiles toutes deux. La misère est à exacte hauteur des enfants. On vit avec. Avant même qu’ils ne sachent lire et écrire, ce que nous offrons à ceux que nous élevons, c’est la pauvreté à hauteur de leurs yeux. A bonne hauteur… elle ne le sera jamais. Le chemin de l’école redevient une cour des miracles que pas un enfant ne devrait traverser. Pour grandir, il lui faudra d’abord regarder le malheur dans les yeux. Tout comme ses parents, il s’y habituera vite, et arrivera le moment où la misère le dépassera.
Elle est où l’humanité ?
L’inhumanité est sous nos fenêtres, on peut ne pas la regarder en face, elle vous saute à la gueule. La vérité que contiennent ces 110 pages, vous la croisez à chaque coin de rue. Un récit que l’on lit d’une traite, un bijou qui brille de feux sombres. Il vous happe et c’est une force qui nous entoure.
Elle est là l’humanité.

L’âme prêtée aux oiseaux de Gisèle Pineau chez Philippe Rey

Lorsque, venue de Guadeloupe, Sybille arrive à Paris avec son jeune fils Marcello, elle trouve hospitalité et affection auprès de Lila. Extravagante et merveilleuse Lila, tour à tour cocasse et pathétique, hantée par trop de souvenirs… Tandis que Sybille songe aux hommes disparus de sa vie – son père, son petit-frère mort-né –, Lila se souvient de son amour pour Henry, fils d’une cuisinière noire et d’un riche héritier blanc des Caraïbes anglaises, rencontré dans la liesse de la Libération.
Marcello grandit entouré des fantômes des hommes qui ont traversé la vie des deux femmes. Lorsqu’il apprend que son père est encore en vie, il décide, contre la volonté de sa mère et de Lila, de rejoindre la Guadeloupe pour le retrouver. Après son départ, Lila n’aura plus qu’une idée en tête : se rendre en Amérique et retrouver son fils.
D’un bord à l’autre de l’océan, d’un bout à l’autre du temps, malgré les dénégations, subsiste pourtant l’amour, cette âme prêtée aux oiseaux qui, de contes en légendes et de cœur en cœur, se rit des interdits en dénouant les jeux du destin et des tragiques vanités des hommes.


Informations pratiques : 

Phalène fantôme de Michèle Forbes chez Quai Voltaire – 23€
L’âme prêtée aux oiseaux de Gisèle Pineau – 8,50€
Les âmes et les enfants d’abord d’Isabelle Desesqueles chez Belfond – 10€

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