vendredi 29 mars 2024

Tel Aviv on fire, un soap-opéra réparateur !

Tel Aviv on fire

Tel Aviv On Fire

Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès « Tel Aviv on Fire » ! Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah. Un jour, Salam se fait arrêter par Assi, un officier israélien, fan de la série, et pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario. Évidemment, rien ne se passera comme prévu.

Tel Aviv on fire, un film de Sameh Zoabi avec Kais Nashif, Lubna Azabal, Maisa Abd Elhadi – 1h37 – En salles le 3 avril 2019.

En savoir plus sur Sameh Zoabi, le réalisateur

Il nait et grandi à Iksal, un village palestinien près de Nazareth. Doublement diplômé de l’université de Tel Aviv en études cinématographiques, il fait une Master en réalisation à Columbia – USA. Il fait partie des 25 réalisateurs mis en avant par le Filmmaker magazine comme «New Faces of Independent Film 2006».

5 questions à Sameh Zoabi

Pourquoi réaliser Tel Aviv on fire ?

Pour faire une comédie ancrée dans la réalité du conflit israélo-palestinien ! Les gens envisagent cette région et le conflit avec beaucoup de sérieux, et les tentatives d’en rire sont rapidement considérées comme trop légères. Pour ma part, j’estime que la comédie permet d’aborder des questions très sérieuses d’une façon plus subtile. Avec Tel Aviv on Fire, l’histoire aborde frontalement l’idée de perspectives conflictuelles.

Salam, votre personnage principal, travaille sur un soap opéra arabe produit à Ramallah. Pourquoi un soap opéra ?

Les soap opéras sont une affaire sérieuse au Moyen-Orient. Les gens les regardent assidument et sont très impliqués dans ces feuilletons.

Est-ce que vous regardiez des soap opéras quand vous étiez enfant ?

Quand j’étais jeune en Israël, il y avait seulement deux chaînes de télévision. Les séries en langue arabe venaient essentiellement d’Égypte. Ils avaient les meilleurs soap opéras, particulièrement pendant le mois du Ramadan, même les israéliens regardaient. Le feuilleton que j’ai créé pour mon film est un hommage à l’un des plus célèbres et avec lequel j’ai grandi. À présent les choses sont

bien différentes. Il existe des centaines de chaînes de télévision arabes, de nombreuses séries syriennes, libanaises, égyptiennes, mais aussi turques ou indiennes sous-titrées. Les soap sont regardés partout.

Quelle a été votre approche visuelle pour ce film ?

Visuellement, l’idée était de travailler autour du contraste entre deux réalités : la magie, l’univers coloré du soap opéra et le quotidien, la réalité brute en dehors du studio. Nous avons essentiellement tourné en décor avec des lumières naturelles, à l’exception du check point que nous avons dû créer.

Pouvez-vous nous parler des différents niveaux de lecture que contient Tel Aviv on fire ?

Dans une perspective plus large, le film possède deux trajectoires politiques : premièrement, il y a l’histoire de la guerre telle qu’elle est décrite dans le soap et présentée par Bassam, oncle de Salam et producteur, créateur du show. Bassam appartient à l’ancienne génération, qui a combattu en 1967, et signé les accords d’Oslo. Deuxièmement, il y a la réalité quotidienne des check-points, qui est en lien direct avec l’histoire. L’histoire du soap et celle du film se croisent et fusionnent. En tant que jeune palestinien, Salam se retrouve à devoir lutter entre ces deux réalités. La vie de Salam et son interaction avec Assi sont reflétées dans le soap et lui donne une autre dimension. Pour le dire simplement, Assi, veut écrire sa propre histoire, celle d’une réalité enjolivée à Salam. Au fur et à mesure que la confiance de Salam grandit, il réalise que c’est impossible et doit arrêter cela. Rien ne pourra changer en Israël et en Palestine tant que les deux peuples ne seront pas égaux. C’est le seul moyen d’avancer.

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