dimanche 28 avril 2024

Boulogne, ce n’est pas le Pérou mais presque !

Boulogne, ce n’est pas le Pérou mais presque !

Avec plus de 70 nationalités différentes représentées par les habitants étrangers, la ville de Boulogne-Billancourt est, résolument, une ville ouverte sur les « autres ». Cette semaine, place au Pérou ! Et oui, des Péruviens s’installent et aiment la douceur de vivre ici, sur les rives de la Seine, à deux pas de la Tour Eiffel. Nous en avons rencontré deux.

Pia et Pietà

Pietà

Les prisonniers de Pietà à Lima au Pérou

Elle s’appelle Pia, a 22 ans, est belle comme un mannequin et travaille pour Pietà, une marque de vêtements street wear très originale. Originale à plusieurs titres. D’abord, la société Pietà est péruvienne mais fondée à Lima par Thomas Jacob, un trentenaire Français, un breton bien de chez nous. Ensuite, les vêtements sont cousus par des prisonniers de droit commun incarcérés à Lima. Ces mêmes prisonniers reçoivent une formation pour maîtriser des savoir faire uniques comme celui de tisser eux-mêmes le coton bio ou l’alpaga nécessaire aux prochaines collections ou la création de patrons par exemple.

Seulement une quinzaine de prisonniers est concernée par cette formation et ce travail. Il est important de préciser que les prisonniers doivent obligatoirement être condamnés pour des peines de plus de trois ans afin « d’équilibrer » le temps de formation et le temps de travail à fournir à Pietà. Ce sont souvent des délinquants qui rejoignent Pietà d’autant d’une journée travaillé équivaut à une journée de prison en moins.
Il aura fallu des mois de travail à Thomas Jacob plus deux ans de préparation avec la prison pour mettre au point cette étonnante collaboration.

La prison joue le jeu de la réinsertion à fond et met à disposition de Pietà des locaux pour accueillir les chaînes de tissage, le bureau de conception, l’atelier de confection, la logistique d’envoi.
Jusqu’à présent, on pouvait se rendre sur le site pour commander et recevoir son shopping partout dans le monde. Désormais, un concept store et/ou des boutiques éphémères accueillent les clients à Paris. Avec une qualité équivalente à celle de Chanel ou des grandes marques de t-shirts, Pietà vend autour de 35/40€ la pièce.

Marco : la passion des mots et des voyages

Il s’appelle Marco-Antonio (on l’appelle Marco), a 23 ans, est passionné de voyages, de culture, d’échange, de mots, de belles phrases. Il parle quatre langues : espagnol, anglais, allemand et français. Ce jeune homme d’origine très modeste a un rêve : devenir professeur.
Mais avant, il veut voyager et l’a déjà beaucoup fait sur tous le continents de la planète. A la dure, à la « roots », qu’importe, les voyages forment la jeunesse et Marco est bien décidé à tout voir, tout savoir, pour mieux pouvoir transmettre ensuite.

Pietà à Boulogne

Marco porte un sweet Pietà devant la scène musicale à Boulogne. ©Frédérique Berry

À Paris, il prépare un diplôme à Paris Diderot, un Master LISI destiné aux étudiants désireux d’aborder sous l’angle interculturel, le monde de l’entreprise ou bien le secteur des « nouvelles solidarités » en devenant interprète médiateur. Objectif : Former des interprètes experts en communication et en intelligence interculturelle capables de mettre en œuvre des stratégies de management interculturel tant dans les contextes liés au monde de l’entreprise ( marketing, communication et négociation multilingues, gestion de conflits) que dans les environnements sociaux (accueil des populations étrangères, asile, secteur médico-psycho-social, milieux associatifs) en tant qu’interprètes médiateurs entre populations étrangères et institutions.

Pour payer ses études, Marco bosse comme un forcené, additionne les heures dans un supermarché de Ville d’Avray, qu’il rejoint à pied – le courageux – quand les bus sont rentrés au dépôt. Il donne des cours de langue aux enfants et aux adultes et aime traduire des textes à ses heures perdues. Ne laissez pas traîner un livre, il s’en saisit, s’assied sur le bord d’une baignoire ou sur son pouce et se met à lire, déchiffrant les mots à haute voix.
Il a beaucoup ri quand l’un de ses amis français lui a parlé de la formule : « C’est le Pérou ! », se demandant comment son pays si pauvre et encore bien en retard « en dehors des grandes villes » avait pu susciter ce dicton ?

Il s’étonne de tout, se passionne d’un rien, bref ce curieux insatiable se plaît bien ici, dans la douce France comme il dit, mais ceci ne l’empêche pas de prendre des avions pour partir à l’assaut des parallèles et des méridiens.


INFORMATIONS PRATIQUES

 

Merci à Frédérique Berry pour sa disponibilité et ses belles photos prises sur la passerelle de l’ïle Seguin à Boulogne-Billancourt. Retrouvez son travail sur les vaches et les cerisiers en fleurs du parc de Sceaux (entre autre), ici : http://www.frederiqueberry.fr/

Contacter Marco-Antonio : 07 51 21 39 26

En savoir plus sur Pietà

https://www.projectpieta.com/shop/

https://www.youtube.com/watch?v=16QO0yXSUmI

https://www.projectpieta.com/fr/

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