vendredi 29 mars 2024

Israël, la mer Morte

Israël, la mer Morte

En avant-propos :

Il en est des gens comme des pays. Certains donnent tout ce qu’ils possèdent au premier regard, là où d’autres laissent lentement découvrir leur beauté cachée. Certains viennent au devant de vous et donnent tout, même ce que vous ne demandez pas. D’autres vous obligent à cheminer sur des sentiers escarpés pour dévoiler leur richesse. Et ceux-là même qui vous ont enthousiasmés en une fulgurante explosion de couleurs, de mots, des sens allumés s’oublient alors que les pierres sèches et brûlantes des autres s’installent pour toujours dans votre cœur, votre mémoire, sous votre peau voire dans vos tripes. Israël est de ceux-là. Mais comment ce si petit pays sur la carte géographique et si grand sur la carte politico-religieuse du monde réussit-il à emporter dans un flot d’émotions tous ceux qui le visitent ? J’aurais, je pense, l’occasion de vous en reparler dans un ensemble d’articles intitulé « La Vie Est Belle en Israël » à lire prochainement sur notre site. Une certitude cependant : y aller pour constater par soi-même remplace les discours orientés de tous les médias du monde.
Bref, en attendant ce supplément, nous sommes allés visiter pour vous la région de la Mer Morte et nous en rapportons de sensations et des images que je vous invite à découvrir dans un reportage consacré à cette région unique au monde.

Israël, la mer Morte ou comment tenter de percer les mystères du divin ?

C’est là-bas que tout a commencé ! Là-haut sur les hauteurs de Massada, où repoussant les Romains, des hommes sont morts pour leur Terre. Là-bas que les premiers colons ont réussi à faire sortir Ein Gedi, une oasis, de ce désert de pierres. Là-bas que les rouleaux de Qumrân ont été découverts attestant que les Ésséniens s’y sont retranchés, il y a plus de deux mille ans pour, isolés du monde, pour tenter de percer les mystères de la vie, du divin, de l’amour. Là-bas ? Dans le désert de Judée sur les rives de la Mer Morte.

 SOMMAIRE :

# Acte écologique : sauvez la Mer Morte
# Massada
# Spectacles exceptionnels en juin 2010
# Qumrân Qumrân
# Le kibboutz-oasis de Ein Gedi Le kibboutz-oasis de Ein Gedi
# Apesanteur liquide et bains de boue Apesanteur liquide et bains de boue
# Toujours plus au sud Toujours plus au sud

Septembre. 3h30 du matin. Atterrissage à Tel-Aviv, la ville qui ne dort jamais. Je peux en attester, tout est allumé. Vite, départ vers le Sud.

Vite ?

Parce qu’il ne faut pas rater le spectacle du soleil se levant sur les contreforts de Massada dans le désert de Judée. Moins d’une heure de route et nous sommes à Jérusalem. Le jour pointe déjà son nez. Pour Massada c’est fichu ! En revanche, quand le soleil jette ses premiers halos de lumière sur Jérusalem, l’émotion est au rendez-vous.

Émotion. Pourquoi ?

La question va revenir souvent. Elle restera sans réponse. C’est une histoire de vécu, de ressenti. Ça ne s’explique pas ! Mais c’est vrai que les collines de Jérusalem s’éclairant comme au premier jour du monde sont émouvantes. Il règne, ici, sur ces terres tellement controversées une véritable charge émotionnelle impossible à ignorer. Je ne peux pas m’empêcher de penser que peut-être cette émotion fausse tout les jugements et attise toutes les tensions, mais c’est un autre sujet.
Une belle route sinueuse descend vers le sud, laissant Jérusalem à gauche, côté cœur. Quand je dis « descend » il s’agit de prendre le sens du mot dans son absolue signification puisque nous nous dirigeons vers un point le plus bas de la Terre, à moins 400 mètres en-dessous du niveau de la mer (la vraie, celle-là, la Méditerranée, celle qui fait référence). En bordure de route, on peut voir des panneaux indicateurs : – 100 m, – 200 m, – 300 m… On voit aussi des bédouins dans leurs villages construits de bric et de broc.

 Panorama sur la Mer Morte au lever du soleil

Véritable plongée dans le passé. À un petit rien près (2000 ans), pourraient surgir les légions romaines, Jésus et ses apôtres, le roi David, Salomé, Judith, Moïse, Holoferne, les marchands du temple. Qui sais-je encore ? Ici, nous sommes sur les terres de tous les patriarches, de tous les héros de la Torah, du Nouveau Testament, du Coran. La route descend toujours. On laisse, à gauche encore, la célèbre ville de Jerricho.
Quelques kilomètres de plus et à l’ouest est annoncé la Mer Morte, The Dead See. Depuis un moment déjà la végétation s’est raréfiée mais dès l’entrée dans le désert de Judée, à part quelques belles palmeraies aux arbres chargés de fruits, la couleur verte ne fait déjà plus partie de ce monde. En fait la Mer Morte est un grand lac salé – plus de 130 kilomètres de long en deux énormes bassins -, bordé de hautes falaises granitiques. D’un côté, à l’est la Jordanie et les montagnes de Moab, de l’autre les montagnes de Judée. Quelques « check point » ponctuent la route parce qu’ici les frontières sont mobiles, ce qui ne semble gêner personne d’ailleurs.

Acte écologique : sauver la mer Morte

Le sel transforme tout en oeuvre d'art. Les artistes se pressent pour créer

La première impression que l’on a de la Mer Morte, c’est une sensation de temps arrêté, d’absolu, de calme. L’eau n’a aucun mouvement, vaguement un clapotis. Sa couleur varie du bleu au gris perle, à cause de la profondeur et du sel qui en tapisse les fonds. Les “plages” sont immenses et doivent leurs dimensions au recul de l’eau qui s’est dramatiquement évaporée ces dernières années. L’explication avancée met en cause, les usines de phosphate du sud, les barrages sur le Jourdain et comme partout ailleurs le changement climatique. Pauvre Mer Morte, va-t-elle réellement mourir ? La question est dans toutes les pensées. Sur ce sujet, israéliens et jordaniens œuvrent ensemble. Tous savent qu’il s’agirait d’un massacre écologique et des solutions sont en passe d’être trouvées. Bien sûr, il faudra énormément de temps. Peut-être même la Mer Morte ne retrouvera-t-elle jamais son faste d’autrefois mais au moins les dégâts pourraient être limités. Il y a donc urgence à se rendre sur place, à apporter via nos devises, de  quoi soutenir une activité touristique, culturelle et historique tout à fait passionnante. Les apparences sont trompeuses. Au milieu de toute cette minéralité, il y a fort à visiter, à découvrir.


Massada

Le chemin de ronde pour simplifier l'accès à MassadaL'un des habitants permanents de Massada

À commencer par Massada (Metsada en hébreu qui signifie forteresse) où nous arrivons justement. Gros comme des têtes d’épingles, les premiers courageux de la journée – il est à peine 7 heures du matin – grimpent déjà sur le chemin du Serpent qui conduit à la forteresse. Moins intrépide – et puis j’ai 5 h de vol, les transits et une nuit blanche dans les jambes et dans le cerveau -, je préfère utiliser le téléphérique. La vue est tout simplement dantesque. À perte de vue s’étirent des étendues de granit beiges, mordorées, marron clair. Seuls habitants des lieux des bouquetins rarement visibles, des merles qui ont oublié d’avoir peur des hommes et un mulot qui grignote des herbes sèches. De là-haut, le point de vue est panoramique. La vue sur le Mer Morte et la Jordanie est inoubliable. On se sent tout petit, totalement dominé par le paysage, la pierre, le soleil déjà très chaud (38°). Ça rend humble.
Noam, notre guide connaît son sujet sur le bout des doigts, il sait à merveille expliquer la résistance des Zélotes, réfugiés ici et faire surgir du néant et de la chaleur montante, les 8.000 Romains acharnés à les déloger. En 73 ap J.C., de nombreux mois seront nécessaires aux Romains pour construire une rampe d’accès. Et finalement quand ils enfonceront l’épaisse muraille avec un bélier, ils découvriront que tous les bâtiments ont été brûlés par les assiégés, lesquels se sont suicidés collectivement plutôt que de se rendre.

De nombreuses traces de constructions : citernes, caserne, palais, armurerie, portes fortifiées soulignent le site et il est facile d’imaginer les scènes.
Un musée, en fin du parcours, permet de parfaire sa culture sur Massada – classé depuis 2001 au patrimoine mondial de l’Unesco – Il est devenu un lieu de pèlerinage moderne pour les israéliens et les touristes. Une synagogue à ciel ouvert accueille les religieux désireux d’y prier et les familles pour une bar-mitsva ou une fête familiale.
Enfin, en cohérence avec l’esprit du sionisme qui veut qu’Israël soit le dernier refuge à préserver à tout prix, le serment que prêtent les jeunes soldats israéliens est encore aujourd’hui « Massada ne tombera pas une nouvelle fois. »

Spectacles exceptionnels

Un autre des habitants permanents de MassadaLes bouquetins habitent à l'année ces espaces qui semblent vides

Massada est habitué à fournir des Spectacles Sons & Lumières de qualité dans son théâtre à ciel ouvert sur la partie ouest du site. Jessye Norman, l’opéra Nabucco de Verdi y ont été donnés. Imaginez un peu. Le site fabuleux, l’acoustique, les rayons colorés et lumineux qui balaient la roche et la voix… les voix qui s’élèvent jusqu’au ciel étoilé, au firmament. Les sens en éveil, l’émotion est là. Elle fait palpiter le cœur et prend les tripes. Vous êtes en Israël !

Qumrân

Au cœur du Parc National se visite le fameux site de Qumrân, déjà ville juive au VIIIe siècle av. J.-C. Célèbre dans le monde entier grâce à la découverte des rouleaux dits « de la Mer Morte », Qumrân fut un haut lieu d’études tenu par les Ésséniens qui y vécurent pendant deux siècles de la fin du IIe siècle av J.C. à la grande révolte contre les Romains en 66-70 ap. J.-C.
Plusieurs fois détruite et reconstruite, Qumrân fut définitivement abandonnée vers 132-135 ap. J.-C. Il faudra attendre 1947 pour qu’un jeune berger Bédouin parti à la recherche de sa chèvre égarée pénètre dans une grotte pour y découvrir les manuscrits.
Des fouilles furent entreprises et l’on restaura les ruines antiques. Autant de découvertes qui permettent de penser que Qumrân fut le centre de vie des Ésséniens, une communauté d’ascètes qui vivait en respectant des règles d’une grande sévérité et en pratiquant des Bains Rituels. On voit encore les salles de réunions, le réfectoire central, une cuisine, des magasins, des Mikvehs,… Sachez aussi que les Manuscrits de la Mer Morte, les plus anciens manuscrits connus de la Bible hébraïque mis au jour dans le désert de Judée ainsi que des documents bibliques rares notamment le Codex d’Alep sont visibles au Sanctuaire du Livre du Musée d’Israël à Jérusalem.

Le kibboutz-oasis de Ein Gedi

 La verdure envahit désormais le Kibboutz d'Ein Guedi où il n'y avait que des cailloux il y a 60

 » Il y a 54 ans, il n’y avait strictement rien ici, juste les falaises de granit et des cailloux comme partout autour. » explique Martine, responsable clientèle à Ein Gedi. Très dur à croire quand on voit la grosseur des troncs des baobabs, l’état de verdoyance des pelouses, l’éclat rouge des flamboyants. Mais quand on sait que c’est ici que fut composé « Le cantique des cantiques » tout est possible !
Surtout n’hésitez pas à prendre un repas au kibboutz. Soit à l’auberge soit à la table d’hôte de Haya, l’un comme l’autre réputés partout dans le monde. C’est sans doute là que vous mangerez le meilleur houmos de toute votre vie (je ne parle pas de celui de votre mère, bien sûr !) sans parler des fruits et légumes d’une fraîcheur sans pareille puisque cultivés à quelques centaines de mètres seulement.
Une balade le long des chemins du jardin botanique est une expérience étonnante. On y croise plus de 1000 espèces végétales, des arbres en provenance de tous les horizons, des centaines de cactus rares. Au départ de l’hôtel, on peut s’offrir une randonné pédestre jusqu’aux chutes de Ein-Gedi, une visite à une ancienne synagogue ou un Jeep-tours dans le désert de Judée et du Neguev. Une possibilité intéressante pour visiter des lieux peu fréquentés, véritables joyaux du désert.
Les moins téméraires pourront choisir la version spa et ses sources naturelles chaudes avec soins Ayurveda, hammam, peeling, massages aux pierres chaudes, le tout avec des produits cosmétiques issus de la Mer Morte off course.
Les plus célèbres d’entre eux : Ahava ouvre au public un magasin d’usine à quelques coudées à peine de Ein Gedi. On y vend les produits Ahava à des prix particulièrement attractifs. Il serait dommage de passer à côté sans s’y arrêter d’autant que leur qualité est incontestable.


Apesanteur liquide et bains de boue

Nul besoin de fauteuil gonflableTraitement naturel à la boueDes falaises de sel sur la route de Gomorre

Le clou du voyage dans la région c’est le bain dans la Mer Morte. On a l’impression de connaître tout cela par cœur, de l’avoir vu dans tous les guides de voyages mais le tester grandeur réelle, c’est unique. Selon l’endroit où vous tentez l’expérience, le sol est plus ou moins râpeux pour la plante des pieds, l’idéal est donc de porter des méduses ou des Crocs. D’abord, il s’agit de pénétrer doucement dans l’eau, qui peut être chaude, voire très chaude. Ensuite on avance lentement pour éviter les projections d’eau irritante pour les yeux. Inutile d’attendre de ne plus avoir pied pour s’asseoir dans l’eau. Grâce à la concentration énorme de sels, l’effet d’apesanteur liquide est immédiat. À peine le mouvement amorcé, vous vous retrouvez assis ou sur le dos, les mains et les pieds flottant joyeusement sans aucun effort. Attention à ne jamais vous mettre sur le ventre, il est très difficile de se remettre sur le dos.
Dès le premier contact avec l’eau, la peau devient huileuse et douce. La sensation est réellement étonnante. Les scientifiques attribuent cet effet aux 21 minéraux de l’eau dont magnésium, calcium, brome et potassium. Certains d’entre eux ne sont dans aucune autre mer ou océan. Ces minéraux ont des vertus spécifiques. Ils apportent sensation de relaxation, nourrissent la peau, activent le système circulatoire et améliorent l’inconfort rhumatismal et les désordres métaboliques. Quand ils sont couplés avec des bains d’eau chaude sulfureuse et un enveloppement à l’argile noire, la peau y puise des bénéfices tant cosmétiques que thérapeutiques.
Enfin, parlons de l’air. Sec, non-pollué, sans pollen, il possède un faible taux d’humidité et mixé à la haute pression atmosphérique, il est riche en oxygène. Quant au soleil, il ne vous fera aucun mal. Pas ou peu de coups de soleil ici en raison du filtrage des rayons ultra-violets par une couche d’ozone épaisse. À la sortie du bain, une douche s’impose (toutes les plages sont équipées) pour éviter les picotements.

Toujours plus au sud

Sur la route d’Eilat, avant d’arriver à la montagne de sel et au Mont de Sodome se trouve le site de Ein Bokek où se concentre un large choix d’hôtels, de restaurants, de spas. Ils sont tous situés à de courtes distances des rives de la Mer Morte. Il est donc très fréquent de croiser sur les routes des touristes en peignoir prêts pour aller prendre leur bain.
Bien qu’un peu vieillissants, tous les hôtels sont dotés des infrastructures que l’on est en droit d’attendre et s’il n’est pas du tout question de rajouter des hôtels, il a été clairement décidé d’améliorer l’existant afin de rentrer dans des normes internationales.
En attendant Méridien Mer Morte, Crowne Plaza, Daniel Mer Morte, Moriah Plaza, Golden Tulip et autres Hod Hamidbar Spa Hôtel sauront vous accueillir comme il se doit. N’hésitez pas à interroger le personnel, charmant et serviable. Il saura vous indiquer toutes les offres spas et les « traitements » proposés par votre hôtel. Rien ne vous empêche d’ailleurs d’aller voir les prestations fournies par les autres.
Les amoureux des chambres d’hôtes ne seront pas en reste avec les structures d’accueil du kibboutz d’Ein Gedi, des auberges de jeunesse de Kalia, de Metzoke Dragot ou encore du camping bédouin de Néot Hakikar.


La minéralité sublime des sites autour de la Mer morte.

C’est fini !
Déjà 5 jours.
Trop courts.

Je n’ai pas eu le temps de vous parler de la merveilleuse table de Shabbat. Pas eu le temps de vous parler de tous les buffets servis matin, midi et soir. Pas eu le temps de vous parler du vent et des nuages.

Pas eu le temps de vous parler de Jérusalem. De ses portes, de ses strates, de ses districts, de ses hommes de toutes confessions. Pas eu le temps de vous parler du Saint-Sépulcre, de la via Dolorosa, du quartier des souks, du Mur des Lamentations.
Pas eu le temps de vous parler de la jeunesse israélienne, juive, musulmane et chrétienne confondues.
Pas eu le temps de vous parler des soldats garçons et filles de 18 ans qui donnent trois ans de leur vie à leur pays et parfois bien plus.
Pas eu le temps de vous parler de la pudeur de notre guide quand il raconte, sans les dire, les horreurs des attentats.
Pas eu le temps.
Je reviendrai.

L’an prochain à Jérusalem…

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