Le Musée de la guerre torpillé dans l’oeuf ?!
A quelques jours de son ouverture au grand public, le MIIN, le Musée de la Seconde Guerre mondiale de Gdansk sera t-il torpillé dans l’œuf par M. Glinski, le ministre de la Culture Polonais, lequel au mépris du respect le plus élémentaire du droit constitutionnel refuse la décision du Tribunal régional de conserver ce Musée dans sa dimension locale ?
Si elle n’était pas si tristement stupide cette affaire pourrait faire rire aux éclats. Malheureusement ce n’est pas le cas. Il y a de quoi se demander comment fonctionnent les esprits des hauts fonctionnaires de l’État qui voient, depuis Varsovie, une occasion de piquer une intéressante initiative locale à leurs petits copains de province.
En effet, depuis 2008, les équipes, partenaires, collaborateurs et donateurs de la ville de Gdansk, sous la direction du Professeur Pawel Machecewicz, ont œuvré comme des forcenés pour ouvrir ce magnifique musée dédié à la Seconde Guerre mondiale, sur un terrain symbolique, qui fut pendant le conflit, un quartier populaire entièrement rasé par les bombes.
Avec cette ouverture exceptionnelle, le 23 janvier 2017, aux pontes régionaux et aux journalistes, on a bien conscience d’être tous un poil … instrumentalisés. La preuve cet article ! C’est cependant avec un véritable intérêt que nous avons visité ce musée en avant-première, en présence des principaux intéressés : Monsieur Pawel Machecewicz, à qui l’on doit l’initiative et la mise en œuvre, son adjoint, les scénographes Belges de la société Tempora Designer (ftp://ftp.lavieestbellemag.com/www/isabelle-benoit-tempora.mp3) Kwadrat Architectural, les constructeurs, Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France…
Également présents, de nombreux donateurs qui se sont défaits de leurs souvenirs pour agrandir les collections du musée qui atteignent 2500 pièces.
Rappelons que la stupidité de cette petite guéguerre entre province et ministre de la culture polonais risque d’aboutir à la liquidation complète du musée tel qu’il a été conçu pour être réduit à une dimension purement militaire, officiellement légitimée selon M. Glinski, par la présence à quelques encablures de Gdansk de Westerplatte, l’endroit précis où le 1er septembre 1939 démarra la Seconde Guerre mondiale.
Au moment où je publie ce papier, personne ne sait encore ce qu’il adviendra de ce musée. Peut-être aurons-nous été quelques deux cent personnes à l’avoir vu dans le monde. Raison de plus pour en parler.
Revenons sur le MIIN, tel qu’il se présente ce 23 janvier 2017. De nombreuses personnes à travers le monde on travaillé aussi bien sur la structure architecturale du musée qui rappelle Yad Vashem à Jérusalem et sur la scénographie que sur la volonté de présenter – enfin- la Seconde Guerre mondiale ni du point de vue Occidental, ni du point de vue Russe mais bel et bien du point de vue de la Pologne.
Une terre, un pays, une population catholique et juive, impactée comme aucune autre en Europe du fait de son histoire séculaire avec l’Allemagne dont l’occupation et la brutalité étaient de mise pendant toute l’histoire d’une part. D’autre part, rappelons que si 1945 marque la fin des conflits pour tous les pays, elle marque le début de la dictature communiste en Pologne, laquelle subit donc une double agression : celle du 3ème Reich puis celle des Russes.
Avec autant de souffrances chez les civils, la volonté au cœur du processus créatif résidait, certes, dans le désir de montrer la vie militaire, économique, politique pendant La Seconde Guerre mondiale et plus généralement pendant le 20e siècle mais aussi d’exprimer le point de vue de centaines de milliers de femmes, d’enfants, d’hommes persécutés d’une façon ou d’une autre.
On verra donc de nombreuses vitrines avec des objets du quotidien, devenus denrées rares durant la guerre, et aussi quelques merveilles sauvegardées comme par miracle tels ces petits carnets de dessin, où l’éclat du soleil et des fleurs provenaient des crayons de couleurs ! Seule façon d’illuminer le quotidien d’une vie à dominante grise et uniforme !!!
On verra aussi des photos qui glacent le sang. Comme cette fillette terrorisée, agenouillée dans l’herbe devant sa mère morte, le visage a demi arraché par les balles. Ou encore celle de ce petit garçon, égaré et hébété au milieu des gravas de son quartier entièrement détruit par les attaques aériennes.
La visite commence avec la Guerre de 14/18, la montée des extrémismes dans tous les pays d’Europe et se termine avec le conflit en Syrie dans un quartier de la ville d’Alep et l’élection de Donald Trump (qui a signé – j’en profite pour le dire, dès hier, premier jour de son mandat présidentiel la loi anti-avortement… Au cœur de toute cette douloureuse anti-démocratie que fut le 3ème reich et de ces heures liberticides… ça fait réfléchir).
Beaucoup de belles trouvailles scénographiques comme ces immenses lettre du mot TERROR. Une riche iconographie qui nous projette en pleine face le salut nazi*et le visage d’hitler*. Des vidéos d’époque, issues des informations et aussi de la propagande. Un exceptionnel montage projeté sur un mur dans l’une des dernières salles de l’exposition permanente, présente côte à côte mais séparé par des barbelés symboliques, l’évolution du monde libre versus le monde non libre, du début du conflit à l’élection du 45e Président des USA.
Deux chars d’assaut ont pris place dans le Musée, des reconstitutions des décors réels où le gris domine, des vitrines, des casiers, des armes, des photos. Des milliers de photos de disparus ! Et aussi 1500 pages accessibles sur les écrans multimédias.
Un très beau musée dont l’ouverture officielle (si tout va bien) est prévue aux premiers jours de Mars 2017, avec des audio-guides en français.
Souhaitons au MIIN, si vite obligé de se battre pour sa liberté d’exister, d’être confirmé dans son essence première par le tribunal Administratif National.
25 janvier 2017 – 9h00 : la décision du Tribunal à Varsovie donne au Ministre de la Culture le pouvoir de refaire ce musée à sa façon… Lien vers le communiqué officiel daté du 24 janvier 2017 publié par le site du Musée :
http://www.muzeum1939.pl/en/aktualnosci/act/news-info#article-1cad47b4262f5908b8c70b1a705e78b2
Museum of The Second World War
52 Walowa St.
80-858 Gdansk
www.muzeum1939.pl
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Arleta Domowicz
Tél. +48- 604 900 939
arletadom@op.pl
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