
Jazz à Juan 2025 ! Vous n’y étiez pas. J’y étais pour vous… État d’âme d’un fou de Jazz !
Jazz à Juan c’est avant tout cette Pinède Gould, un lieu chargé d’histoire et d’émotions, un écrin naturel qui nourrit la mémoire collective du jazz et accueille des générations d’artistes et de mélomanes depuis plus de six décennies. Depuis soixante-cinq ans, quand le crépuscule caresse la Pinède et que la Méditerranée s’embrase des derniers feux du soleil, Jazz à Juan s’éveille, fidèle à sa légende. Les souffles de cuivre et les sons inédits ont traversé les âges, métamorphosant la scène, façonnant un répertoire vibrant d’histoires et d’émotions. La foule, peu à peu, s’est changée en une grande famille attachée à ce rendez-vous, avide de découvertes et riche de souvenirs accumulés sous les frondaisons complices.
Pourtant, au cœur de cette métamorphose, deux présences demeurent, inébranlables. D’abord, l’immuable Méditerranée, la Grande Bleue comme toile de fond majestueuse, dont les reflets dansent jusqu’aux premiers accords – elle veille, silencieuse et rassurante, gardienne éternelle du festival. Puis, il y a cette assemblée de regards, de silences, de respirations suspendues ; un public dont la ferveur traverse les générations, applaudissant avec la même ardeur que jadis, tissant chaque soir un lien invisible d’émotion partagée.
Mais c’est la nature elle-même qui scelle la magie du lieu : le chœur des cigales, vibrant comme un chapelet d’étoiles sonores, enveloppe chaque performance d’un écrin unique, secret. Dans ce théâtre en plein air, les âmes se rencontrent, bercées par la volupté d’un instant suspendu entre ciel et mer, là où le jazz s’élève, éternel, dans une communion d’ombres, de lumières et de mélodies retrouvées. Leur présence sonore imposante oblige souvent les musiciens à interagir spontanément avec elles, comme dans l’anecdote d’Ella Fitzgerald qui a improvisé un morceau qu’elle nommera « Cricket Song » en s’en inspirant pendant son concert à la Pinède en juillet 1964.
Une sorte d’échange s’installe entre le vivant et l’art
À propos d’art, la direction artistique du festival Jazz à Juan est assurée depuis quelques années par un trio de mousquetaires composé de Jean-Noël Ginibre, Reno Di Matteo et Pascal Pilorget, complétés par Philippe Baute, directeur de l’office du tourisme d’Antibes Juan-les-Pins. Ce comité veille au choix des artistes, à la programmation et à la pérennité de ce rendez-vous international tout en tentant de maintenir un équilibre entre la tradition du jazz et l’ouverture à la diversité des styles contemporains… pas si simple !
Chaque année le défi est lancé : il faut parfois faire des choix difficiles, accepter de ne pas plaire à tout le monde, tout en restant fidèles à l’esprit du jazz et à la vocation initiale du festival. Dans ce sens, l’ouverture ne signifie pas tout programmer, mais plutôt proposer une direction claire qui honore le jazz tout en étant ouverte à des influences qui dialoguent avec lui, sans dilution… sans dilution !
Alors comme à la saison des vendanges, qu’en est-il du cru Jazz à Juan 2025 ?
Au soleil couchant, sous un magnifique ciel bleu nuit la scène éclairée par les sunlights, sous les applaudissements de la foule en attente et des cigales en effervescence fait place en ce 10 juillet 2025, à Émile Londonien qui ouvre ce festival et cette soirée à la Pinède Gould, au son de ses claviers, batterie et guitare basse, montrant un jazz actuel avec des touches d’électro et de jazz funk.
So what ?
Une mise en bouche élégante, des musiciens de talents… pour un public attentif dans une ambiance polissée.
La soirée s’est ensuite poursuivie avec le groupe électro-pop Air, connu pour son mythique album « Moon Safari », apportant une dimension encore plus électro psychédélique à l’événement, mêlant ambiance mystérieuse et onirique Leur musique atmosphérique et minimaliste, m’on transporté dans un univers bien éloigné du Jazz et laissé totalement sur ma faim !
So what ?
Décalage et dérapage non contrôlé, à défaut de juger leur musique, je dirais juste que j’ai beaucoup soupiré, mais pas de plaisir.
Ce mélange entre un jeune groupe jazz électro-funk comme Émile Londonien et un duo emblématique de la musique électronique comme Air illustre bien la volonté du festival Jazz à Juan 2025 de jongler entre tradition et modernité.
Le concert de Diane Reeves le 11 juillet 2025 à la Pinède Gould de Juan-les-Pins, a été un événement marquant. Diane Reeves, chanteuse de jazz cinq fois lauréate d’un Grammy, a livré une performance exceptionnelle mêlant jazz et R&B avec une virtuosité louée par la critique. Son répertoire, connu pour ses capacités d’improvisation et sa voix puissante, a captivé le public présent dans ce cadre enchanteur au bord de la Méditerranée.
So what ?
Quelle classe, quelle élégance, dans la tradition des grandes Divas du Jazz !!!
Jamie Cullum, mon coup de cœur
Il a une fois de plus électrisé la scène de Jazz à Juan cette année. Fidèle à sa réputation, l’artiste britannique a livré un concert plein d’énergie, mêlant virtuosité, humour, et intensité émotionnelle. Véritable homme-orchestre, Jamie Cullum a prouvé qu’il était bien plus qu’un simple pianiste ou chanteur de jazz : Il saute d’un instrument à l’autre avec une aisance déconcertante, improvise avec brio, et sait dialoguer avec le public grâce à son charme naturel et son sens du spectacle.
Sur scène, il alterne entre swing, groove, pop et mélodies introspectives, rendant hommage aux grands du jazz tout en y apportant sa touche contemporaine. Son énergie communicative et sa présence scénique en font réellement un « homme à tout faire » du jazz, capable de faire danser autant que d’émouvoir. C’était sans aucun doute un moment exceptionnel de cette édition 2025 du festival Jazz à Juan, et les spectateurs, tous debout, ne sont pas près d’oublier cette performance virevoltante !
So what ?
Chair de poule, du plaisir, beaucoup de plaisir, une communion totale entre Jamie Cullum, ses musiciens et le public qu’il a fait totalement chavirer… that’s the way of Jazz i love !
Ayo, féline et pleine de grâces
Samedi 12 juillet, dans ce cadre unique, naturel et intimiste, adoré des festivaliers, Ayo pénètre sur la scène de La Pinède Gould à pas feutré, telle une féline ondulant avec grâce et délicatesse. Ayo, chanteuse, compositrice et interprète d’origine nigériane et allemande, a transporté le public dès les premiers accords grâce à sa voix douce, puissante et sincère, et à un univers musical mêlant soul, folk, reggae et jazz. Après avoir été révélée en 2006 avec son album « Joyful », elle continue de séduire avec de nombreux autres albums, jusqu’à son plus récent, « Mami Wata » (2024), inspiré par son installation à Tahiti — un disque introspectif témoignant d’une nouvelle étape artistique.
Nous avons été conquis par la générosité de sa prestation, l’émotion qui se dégage de ses textes et l’atmosphère chaleureuse qu’elle sait déployer sur scène. Ayo propose un voyage à travers ses grands classiques (dont « Down on My Knees », « And It’s Supposed to Be Love », ou « Life is Real »), des titres récents tirés de « Mami Wata », ainsi que de superbes reprises, le tout ponctué d’échanges complices avec le public.
La soirée s’est déroulée dans la douceur d’un soir d’été, sous les pins centenaires, dans une ambiance à la fois festive et contemplative, où 3000 spectateurs se sont détectés de ce concert en plein air, les pieds dans le sable, sous les étoiles de la Côte d’Azur.
So what ?
Totalement sous le charme, quasiment envoûté par sa présence, sa voix, ses influences et ce voyage qu’elle nous fait partager
Grégory Porter, une étoile incontestée sous les pins
Grégory Porter, fidèle à la scène de la Pinède, a une fois encore enchanté le public venu nombreux cette année. Dès les premières notes, le chanteur américain a su imposer sa présence chaleureuse, enveloppant l’auditoire de son charisme et de sa voix profonde. Maître incontesté d’un univers musical oscillant entre jazz, soul et gospel, Porter a livré une prestation d’une rare intensité. Chaque morceau, interprété avec une sincérité touchante, a résonné comme une invitation au voyage, entre rythmes entraînants et ballades plus intimistes.
La communion entre l’artiste et son public fut palpable : applaudissements nourris, regards émerveillés et sourires complices ont rythmé la soirée. Grégory Porter a prouvé, une fois de plus, qu’il demeure un éternel ravissement pour tous ceux qui partagent, le temps d’un concert, son univers magnétique.
So What ?
Facétieux, généreux, bienveillant… dès la première note il nous enrobe de sa voix puissante et ronde à la fois . Ce mec est lui tout seul une thérapie vers le bien-être…à écouter sans modération !
Karen Guillock, émouvante dans son hommage à Nina
Karen Guillock (plus précisément Kareen Guiock Thuram) s’est produite sur la scène de la Pinède Gould lors du Jazz Festival 2025 à Juan-les-Pins, le jeudi 17 juillet 2025. Son concert, un hommage émouvant à Nina Simone, a été très apprécié du public et des critiques, et elle a joué avec ses musiciens Kevin Jubert (piano), Rody Cereyon (basse), et Tilo Bertholo (batterie). Elle a démarré à 20h30, précédant Ibrahim Maalouf qui a joué plus tard dans la soirée. Ce concert s’inscrit dans une tournée 2025 très active avec plus de 20 concerts et de nombreux festivals à son actif.
Kareen Guiock Thuram est reconnue pour son style sincère et sa forte inspiration de Nina Simone, offrant une expérience musicale intime et émotive sur la scène jazz, notamment à la Pinède, un lieu emblématique du festival Jazz à Juan.
So what ?
Elle a tout d’une grande… j’aime son timbre de voix, son sourire et l’émotion qu’elle nous procure !
Dabeull enflamme La Pinède dans un moment de pure magie funk & soul 🎶
Il y a des concerts qui marquent, qui laissent une empreinte indélébile dans les cœurs et les esprits. Celui de Dabeull, lors de cette édition 2025 de Jazz àJuan, en fait clairement partie. Dès les premières notes, Dabeull a imposé sa patte : ce mélange savant et électrisant de funk rétro, de groove sensuel, et de soul luxuriante. Accompagné de musiciens aussi talentueux qu’habités, il a su créer une tension euphorique dans l’air, progressivement, jusqu’au point de bascule — ce moment où la foule cesse de regarder pour commencer à vivre pleinement, corps et âme, ce qui se passe sur scène.
Peu de minutes après le début du set, c’était évident : plus personne ne tenait en place. Le public, tous âges confondus, s’est levé comme un seul corps, happé par le rythme, l’énergie débordante, et cette capacité rare de Dabeull à rendre chaque morceau profondément vivant. Une effervescence communicative s’est emparée du festival. Des sourires partout, des déhanchés spontanés, des mains levées : il y avait quelque chose de magique, presque cathartique, dans l’air.
Avec ses synthés vintage, ses basses chaudes, ses refrains accrocheurs et sa vibe rétro-futuriste, Dabeull nous offre plus qu’un concert : une expérience sensorielle totale. Ceux qui venaient par curiosité sont repartis conquis. Ceux qui étaient déjà fans ont vu leurs attentes pulvérisées. Chaque morceau semblait être une invitation à rejoindre une grande fête bienveillante, à la croisée des années 70 et du groove de demain.
Au-delà de la musique, c’est la relation que Dabeull entretient avec le public qui impressionne. Il sait exactement comment parler à son audience, comment l’inclure, la faire participer, rire, danser, chanter. Il ne s’adresse pas à des spectateurs, mais bien à une communauté joyeuse rassemblée autour de la même passion.
Alors que La Pinède célèbre cette année encore la richesse des musiques improvisées et hybrides, Dabeull a su incarner cette ouverture avec brio. En fusionnant le jazz aux courants funk, soul et électroniques de manière audacieuse, il a offert un moment de cohésion rare — une bulle euphorique suspendue hors du temps…
So what ?
Vous aimez le Jazz, la Soul, le Funk, le Synthé , les Cuivres, la Fusion, la Danse… alors bienvenus dans l’univers de Dabeull !, That’s Entertainment… un vrai bonheur !
La magie Sophy Soliveau !?
Elle a en effet opéré une fois de plus cette année au festival Jazz à Juan, à la Pinède Gould dans ce cadre prestigieux, offrant sa voix pleine de groove précieux et subtil accompagnée de sa harpe, créant une ambiance harmonieuse et profonde, inspirée notamment par la soul. Son approche artistique met particulièrement en valeur l’harmonie vocale collective et l’interaction avec le public, transformant la scène en un espace d’improvisation partagée et de création collective. Ce concert s’inscrit dans une édition 2025 très riche, avec d’autres artistes majeurs programmés autour de cette date.
Sophye Soliveau a une nouvelle fois enchanté le public du Jazz à Juan cette année, confirmant son univers musical unique et la puissance de ses performances en direct. Ses influences artistiques déclarées incluent des figures majeures comme Erykah Badu, Angie Stone, Rachelle Ferrell, Bobby McFerrin, ainsi que Dorothy Ashby, la harpiste de jazz américaine, et Maxell et Brandy dans la sphère R’n’B. Elle se démarque en fusionnant la harpe avec sa voix dans un style moderne et organique, mêlant groove et harmonies vocales raffinées. Elle revendique aussi une admiration pour la chanteuse française Camille, qui a marqué une phase d’inspiration dans son travail.
So what ?
J’adooorre… fan total de ce petit bout de femme qui fait corps avec sa harpe avec une sensualité troublante, qui joue avec les octaves de sa voix avec une facilité déconcertante et surtout j’adore son univers musical .
Le mythique Herbie était là lui aussi…
Le concert d’Herbie Hancock à la Pinède Gould d’Antibes, le 19 juillet 2025 dans le cadre du festival Jazz à Juan, a été salué comme un moment phare du festival. Le mythique Hancock étant revenu pour la quatorzième fois dans un cadre qu’il considère quasiment comme une seconde maison. Son statut de légende incontestée du jazz – et sa capacité à réinventer ses classiques (tels que « Cantaloupe Island », « Maiden Voyage » ou « Chameleon ») – ont fait l’unanimité auprès du public, qui a savouré un répertoire traversant les décennies. L’événement a bénéficié d’une ambiance exceptionnelle et magique sous les pins et les étoiles, confirmant la réputation du festival comme « sanctuaire musical » et rendez-vous incontournable pour les amateurs de jazz. Dans l’ensemble, les retours expriment enthousiasme, émotion et reconnaissance devant la longévité et la créativité intacte de Hancock, qui a comme toujours su emporter la Pinède Gould dans un voyage musical universel.
La Pinède Gould, comble ce soir-là, a accueilli un public « réceptif et généreux », transporté par un répertoire qui traverse toutes les générations et fait vibrer même les néophytes. La dimension intergénérationnelle du public est également souvent citée, avec des passionnés venus en famille ou entre amis pour partager ce moment unique. L’ambiance générale était festive, chaleureuse et presque familiale, Hancock étant tourné vers le public avec complicité « Ici, c’est comme une vieille famille », selon ses propres mots…
So what ?
65 ans de Jazz nous contemplent avec Herbie Hancock…un monument aux allures de jeune homme, espiègle et heureux de partager sa musique sur la scène de la Pinède…Merci Monsieur pour votre œuvre, votre talent et votre…humanité !
Le rideau se referme doucement sur Jazz à Juan après dix jours de festivités et de musique. Rendez-vous est pris en Juillet 2026 !
Jazz à Juan 2025, mes confidences pour confidences…
La musique en général et le jazz en particulier, c’est pour moi l’irruption du merveilleux dans le quotidien, une rencontre imprévisible, un éclat de lumière qui traverse l’âme. Elle tisse en silence des liens invisibles entre les êtres, parfois fulgurants, comme une histoire d’amour née d’un simple regard. Elle échappe aux mots, défie toute logique : on aime, on est emporté, sans savoir pourquoi. On ne dissèque pas un coup de foudre, car ce sont les émotions, palpables et brûlantes, qui parlent pour nous. La musique se vit, elle se ressent, et c’est dans ce mystère qu’elle déploie toute sa magie.
Dans la chaleur de juillet, Jazz à Juan 2025 a effleuré cette étreinte soul entre la nuit et le chant. Cette année, j’y suis venu en quête d’un groove, d’un frisson partagé, attendant cette pulsation qui fait vibrer l’intérieur et vous traverse de part en part comme la voix d’Aretha ou les doigts de Ray Charles. Je rêvais d’accords moites, de regards complices entre musiciens, de cette ferveur suave qui fait, d’une simple soirée, une célébration commune, une église à ciel ouvert.
Mais chaque soir, la ligne ne se tendait pas forcément. Quelques notes m’ont chatouillé l’âme, un solo m’a rappelé l’urgence d’aimer, mais l’alchimie n’y mettait pas tout son feu—il manquait cette sueur, cette intensité viscérale qui, parfois, fait basculer le concert de l’autre côté du miroir, quand on ne danse plus seulement pour oublier mais pour s’élever ensemble. J’ai ressenti des bouquets d’étincelles, quelques fois l’incendie ; des confidences intimes et de la ferveur partagée.
Je repars avec la gratitude envers ceux qui ont tendu le micro à la nuit, mais il me reste en sourdine cette envie d’un festival d’où l’on ressort embrasé et consolé, le corps habité par une même vibration, le souvenir d’un instant où le temps s’arrête… comme un chœur qui continue de résonner longtemps après le silence.
So Jazz…
Jean-Loup Guest