jeudi 25 avril 2024

Istanbul express

Istanbul express

En France, nous avons une idée préconçue de la Turquie et d’Istanbul. Issues des journaux télévisés et amalgamée par nos propres références à la religion musulmane, nous croyons savoir. Voilà pourquoi il fallait survoler l’Europe jusqu’à ses confins et débarquer pour un court séjour sur l’extrême pointe de l’Asie Mineure à Istanbul. Et là… Découvrir les valeurs contemporaines d’une ville détonante que l’on peut visiter le temps d’un week-end… Istanbul express !

Istanbul express

Le Bosphore, ses monuments, ses bateaux de luxe ©Judith Lossmann

Istanbul sur Bosphore

La ville est une mégalopole, séparée par le Bosphore, frontière naturelle entre les continents européen et asiatique. Quand on parle d’Istanbul au sens « touristique » du mot, on parle des rives de la Corne d’Or. Cette partie ancienne de la cité, ex-Byzance puis ex-Constantinople, possède en son sein quatre-vingt-dix pour cent des monuments à visiter.
Il faut commencer par La Tour Galata, ancienne tour de guet. Construite au 7ème siècle à l’époque romano-byzantine, Galata se nommait la Tour du Christ. Elle devint prison politique à l’époque Ottomane. Grâce à la galerie ronde de son sommet, elle offre un extraordinaire panorama à 360° sur Istanbul. Parfait pour en comprendre la typologie entre Bosphore, Asie, Europe, mer de Marmara et repérer les principaux monuments à visiter…

Visites « imposées » à Istanbul

À l’horizon des ponts puis le Palais de Topkapi, Sainte-Sophie, la Grande mosquée, la mosquée Bleue, le Grand Bazar, la mosquée de l’université, celle de Soliman le Magnifique, le Tombeau des conquérants… Pour terminer cet horizon, à l’opposé, côté asiatique, l’Istanbul moderne avec son skyline de buildings ultramodernes.
Sainte-Sophie, bâtie à partir de 325 est un lieu de culte chrétien. En 1934, elle perd ce statut et devint un musée, sur décision de Mustafa Kemal Atatürk. Elle redevient mosquée sous Erdogan mais conserve son nom latin et chrétien. Ce n’est pas la première fois de son histoire et ainsi en va-t-il. Il n’en demeure pas moins que le monument majestueux relève d’un enrichissant mélange des genres, d’une mixité religieuse et historique. L’intérieur est édifiant tant par la décoration que l’ambiance très particulière qui y règne.

Sainte Sophie, redevenue mosquée. ©Judith Lossmann

La mosquée bleue, mosquée du sultan Ahmet ou mosquée Sultanahmet est l’une des mosquées historiques d’Istanbul. Elle est notamment connue pour les céramiques à dominante bleue qui ornent les murs intérieurs, et lui ont valu son nom en Europe. Elle fut construite entre 1609 et 1616, sous le règne du sultan Ahmet Iᵉʳ. (Attention actuellement en rénovation. Vérifier la date de fin de travaux avant de prendre un ticket pour finalement ne voir que le haut du dôme. Un rien frustrant !) Plus loin, une visite de la fameuse place de l’hippodrome, dont les vestiges sont visibles sur l’actuelle place du Sultan-Ahmet à Istanbul, s’impose. Sur 300m de long, elle raconte à elle seule l’histoire de la ville. Là, la Fontaine Allemande. Ici le palais de l’Ibrahim Pacha devenu musée de la Culture et de l’Art musulman. À droite, un obélisque (le même que celui de la place de la concorde à Paris) de granit vieux de 3600 ans rapporté d’Égypte. Au gauche, la colonne de Constantinople jadis couverte de tablettes en marbre manuscrites, malheureusement aujourd’hui disparues. L’hippodrome de Constantinople était l’arène hippique monumentale de la capitale de l’Empire byzantin où se déroulaient des courses de chars.

Palais de Topkapi Istanbul

Dominant la Corne d’Or, édifié sur l’ancienne acropole de Byzance, le palais Topkapi (Palais de la porte des canons), immense, imposant, truffé de reliques, abrite à l’intérieur de ces cinq kilomètres de remparts, le trésor Ottoman. Il fut la « maison » des Sultans durant plus de quatre cents ans et possède l’une des plus belles fontaines du monde ottoman dont on doit l’existence à Ahmed III, un passionné d’art, de peinture et de littérature. Au plus fort de son existence, le Palais abritait jusqu’à quatre mille personnes reparties autour des quatre grands cours et des bâtiments annexes.

Si vous êtes en manque de visite des mosquées, qu’à cela ne tienne, il y en plus de 400 ans dans la ville ! Mais ce n’était notre sujet dans cet Istanbul express !

Un samedi matin à Istanbul

À Istanbul, d’un côté ou de l’autre du Bosphore les rues sont pleines. Pleines de voitures, de bus, de deux-roues. La conduite est frénétique. On passe ses journées à traverser des ponts qui enjambent le Bosphore, tout au long desquels des centaines de pécheurs lancent leurs lignes sur fond de ciel bleu ou brumeux. De ce brouillard, entre fog et mog, émerge toujours le dôme d’une mosquée, un minaret, la façade d’un monument. Un rappel constant au passé et à l’histoire si riche et dense sur ces terres généreuses.

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Les pêcheurs envahissent les ponts. même sous une pluie battante. ©Judith Lossmann

À Istanbul, d’un côté ou de l’autre du Bosphore les rues sont pleines de gens. Pleines d’une foule animée. De jeunes beaucoup. De moins jeunes aussi. De femmes traditionnelles voilées. De filles sublimes en short et tee-shirt, longs cheveux au vent. Les hommes sont beaux, élégants. Ils ne portent ni kamis, ni tongs. Les yeux comme la chevelure sont souvent clairs.
La Turquie est multi-culturelle, les visages et les traditions aussi. Une mixité que l’on retrouve à tous les coins de rues. Les copines bras dessus, bras dessous s’assemblent sur leurs ressemblances et sur leurs différentes façons d’exercer leur croyance. Une femme voilée marche aux côtés de son amie en mini-jupe et talons compensés. Cette absence de prosélytisme est reposante. Dans ce bouillonnement permanent, personne pour vous regarder de travers quand vous prenez des photos. Mieux, il suffit de demander pour que les gens prennent la pose !

Karaköy : le quartier de la mixité

Descendre de la Tour Galata, traverser le pont du même nom pour parvenir dans l’un des plus vieux quartiers de la ville aux petites ruelles encombrées de lierres et de liserons qui grimpent à l’assaut des façades lézardées bourrées de charmes. Au fil des siècles, Karaköy accueille les communautés fuyant les catastrophes, les guerres. Juifs, Grecs, Russes se réfugient dans ses passages étroits aux portes dérobées. Toute cette vie a laissé un héritage culturel et religieux remarquable. Quelques synagogues et églises en attestent. De tout temps, Karaköy fut un quartier commercial, riche, dense, diversifié. Aujourd’hui, les venelles pavées sont truffées de cafés, de restaurants, de boutiques et de pâtisseries orientales. Une invitation à la détente et à la gourmandise… Les échoppes traditionnelles jouxtent les galeries d’art aux devantures envahies par les glycines tombant des fenêtres au-dessus. Grâce au street-art qui a envahi les murs, comme partout dans le monde, certaines allées donnent l’impression d’être des galeries en plein-air.

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Les passages du quartier Karakoy accueillent boutiques et restaurants. ©Judith Lossmann

De jour ou de nuit, dans tout Istanbul, restaurants ou bouis-bouis sont ouverts quasiment 24h/24. À Karaköy, les terrasses charmantes, joyeuses et bondées de ce vieux district, sont investies par des tablées de Turques et Turcs buvant un Chaï (thé), un café truc ou de l’Ayran (yaourt salé) dans un bourdonnement incessant de conversations. L’ambiance est gaie, vivante, énergique.

Si, comme nous, votre temps à Istanbul est compté, alors Karaköy présente une belle synthèse de la vie stambouliote entre tradition et modernité.

Un samedi après-midi à Istanbul

Marcher dans les rues d’Istanbul un samedi soir entre 22h et 3h du matin c’est un peu comme marcher sur les Champs-Élysées à 14h un samedi veille de Noël. Il y a un monde de fou et toujours cette frappante diversité. Toutes les grandes villes sont des terres de contraste mais Istanbul figure en bonne place du Top10 tant les différences sautent aux yeux entre richesse et pauvreté, visages et ethnies, tradition et contemporalité. On peut s’asseoir à une terrasse et passer des heures à regarder déambuler des couples, des bandes d’ami.e.s, de et se laisser surprendre par leur opposition dont ils n’ont que faire. J’ai été surprise par leur liberté d’être dans un pays où je m’attendais à des contraintes pour finalement me sentir plus libre à Istanbul qu’à Paris ! Loin de la pensée dominante donc !
Évidemment, on fera un grand shopping sur la longue et large rue Istiklal, les Champs Élysées stambouliotes (en bien mieux). Les boutiques se succèdent, les vitrines présentent une mode internationale et les prix sont plutôt attractifs.
Le taxi jaune est la norme (vivement conseillée). Ici comme à New York, on le hèle dans la rue, on monte et l’on descend quand on veut. Un mode de circulation accessible et pratique dans cette jungle de rues et d’embouteillages.
Il pleut sur Istanbul ? Qu’à cela ne tienne ! D’un coup, surgit de nulle part, tous les vendeurs de parapluie sortent d’on ne sait où et proposent un pur produit made in China entre 1,50 € et 3 euros (quand vous ne savez vraiment pas négocier.)

Une petite faim ? Pourquoi petite ? Manger à Istanbul un samedi soir ? Le choix est aussi immense que la ville alors parions sur une pizza turque, un grand classique avec de la viande sur une pâte ultra fine. Ou celle-ci avec légumes et fromage, large comme un bateau dont elle a la forme d’ailleurs. C’est délicieux, croustillant, ça coûte 15LT autrement dit 1,50 € et on mange à quatre. N’oublions pas que tous les repas commencent avec une soupe aux lentilles.

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Quand les rives du Bosphore s’illuminent… ©judith lossmann

Un samedi soir à Istanbul

Quand le soleil se couche. Quand les lumières s’allument. Quand les façades des édifices s’illuminent de mille feux. Quand les jambes des ponts s’arc-boutent sous les projecteurs. Quand seules les vagues résonnent sur la coque ventrue. Rien ne peut être plus romantique qu’une longue et lente balade en bateau grand luxe le long des rives du Bosphore.
Au-dessus des flots, du haut de leur colline, là où les maisons atteignent des prix records de plusieurs millions d’euros, le silence tombe avec le jour et le vent humide se charge de disperser les odeurs de la ville. Les rives du Bosphore ? Un autre monde de luxe et de volupté.

Un dimanche matin à Istambul

Le musée d’Art Istanbul Moderne, un peu décevant du fait du peu d’œuvres présentées (quand j’y étais) s’oubliera assez vite. Une bonne raison pour se précipiter dans un ancien et majestueux music-hall des années fin 19ème, début 20ème, devenu le cinéma Atlas (1948), puis retransformé en musée du Cinéma Truc. A visiter à coup sûr car il éclaire d’un remarquable coup de projecteur cet art majeur en Turquie qu’est le cinéma. Un cinéma vivace, populaire. Les abonnés d’une fameuse plateforme de streaming le savent bien. Il y a pléthore de films et de séries fort intéressantes à visionner.

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Un personnage de film d’animation qui fait peur aux enfants… ©Judith Lossmann

Le musée possède notamment une des caméras des frères Lumière et rend hommage à une longue lignée d’actrices telle la comique Adile Nasit et acteurs comme Kemal Sunal, le Louis de Funès local dans une scénographie bien pensée et ludique. Notamment cette formidable incrustation dans le film de votre choix à l’issue de laquelle vous recevez une vidéo sur votre boite mail, avec vous en guest en train de donner la réplique aux plus célèbres comédiens. Top ! Dommage, toutes les explications sont en turc mais heureusement la lecture d’un QRCode (prévoir un lecteur sur votre smartphone) donne accès aux infos en anglais.

Istanbul express

Le marché aux épices d’Istanbul (ou marché égyptien). © Judith Lossmann

Pas d’Istanbul sans le Grand Bazar ou le marché aux épices

En Turquie on fait ses courses au bazar pas au souk. Et, le Grand Bazar, – le plus grand du monde,- est l’endroit idéal pour faire le plein de loukoums, pâtisseries, épices, vêtements de cuir, céramique et autres souvenirs estampillés Istanbul. Les prix sont intéressants, la marchandise pas toujours. On peut utilement vérifier la provenance des produits pour éviter d’acheter du made in China. Le marché aux Épices, dit aussi marché égyptien est l’autre lieu -plus authentique-, semble-t-il pour faire ses achats.

En conclusion

Trop courtes ces 48h chrono à Istanbul. Ce fut juste un apéritif. Mais comme tout bon apéritif… il ouvre l’appétit et comme celui-ci vient en mangeant, il ne nous reste plus qu’à nous servir à nouveau !


INFORMATIONS PRATIQUES LA VIE EST BELLE VOYAGES

 

 

AVANT DE PARTIR

INFOS => turquietourisme.ktb.gov.trhttps://goturkiye.com/
À lire : Guide du Routard

BON À SAVOIR
Dispense de visa pour un séjour touristique ne dépassant pas 90 jours, sur une période de 180 jours, à compter du jour d’entrée en Turquie. Le séjour peut être continu ou fractionné. Pour un séjour de plus de 90 jours, visa obligatoire. La carte nationale d’identité suffit, mais mieux vaut être muni d’un passeport (tous deux valables au moins 150 jours après la date d’entrée sur le territoire turc). Si vous entrez avec une carte d’identité, la douane vous remet un justificatif que vous devez conserver avec vous en permanence pour le présenter à la sortie du pays.

– Meilleures saisons : les intersaisons : mai-juin ou septembre-octobre
– Durée de vol direct depuis Paris : 3h30
– Décalage horaire : + 1h.

Y ALLER ?
Comme toujours, le voyage commence avec la compagnie nationale. Donc avec Turkish Airlines. Une excellente compagnie, des avions propres, des rangs pas trop serrés, wifi à bord (note : à peine 4/10), films récents, plateau repas. Au départ de CDG, Terminal 2. www.turkishairlines.com

Vols domestiques vers la Cappadoce au départ d’Istanbul : avec la Compagnie Pegasus – www.flypgs.com

GUIDE ?
Ahmet Balci – Français/Anglais/Turc – Tel. +90 533 353 96 55 – Prévoir 100 €/J

PREMIÈRES ADRESSES UTILES SUR PLACE – BUREAU DU TOURISME
À Sultanahmet : Divan Yolu Cad. 3. Tél. : (0212) 518-87-54. Dans un petit pavillon en bordure de l’hippodrome. Ouvert tous les jours de 9h à 22h

  • À l’ancienne gare de Sirkeci : sur le parvis extérieur, à gauche de l’entrée de la gare. Tél. : 511-58-88. Tous les jours de 9h-20h
  • À l’embarcadère d’Eminönü : sur le quai. Ouvert tous les jours de 8h30 à 20h ; horaires réduits en hiver
  • À Taksim : au début de l’İstiklâl Cad. ; juste avant le consulat de France. Ouvert tous les jours de 8h30 à 18h30.

Quand la nuit tombe et que les ponts du Bosphore s’arqueboutent sous le feu des néons. ©Judith Lossmann

THE PLACE TO BE !!!
En fin d’après-midi, sur l’un des jets de luxe qui fendent les rives du Bosphore d’un pont à l’autre. Bogaz Tekne Kaderim 8 – Prévoir entre 100 et 150€/pers/H, apéritif compris.
http://www.4uyachting.com/kaderim_8_motor_yacht_bosphorus-87987521654651428-yacht.html

DORMIR À ISTANBUL
Dans le quartier de Pera, éventuellement à l’hôtel Pera Palace, cher à Agatha Christie qui y a écrit Le crime de l’Orient express et où vécu Mustafa Kamal.
Moins chic, moins cher : The Marmara Pera – Asmalı Mescit, Meşrutiyet Cd., 34430 Beyoğlu/İstanbul – Tel. +90 212 334 03 00 – Chambre banales, petit déjeuner intéressant, bien situé. On aime la terrasse au 16ème étage et sa vue tout Istanbul.

Le grand classique de la street food ou des restaurants de Karakoys : la pizza truc sous toutes ses formes. ©Judith Lossmann

MANGER À ISTANBUL

  • Diner au bord du Bosphore ? A votre descente du bateau…
    Park Fora (seafood symphony). Ortaköy, Muallim Naci Cd. 54/A, 34347 Beşiktaş/İstanbul – www.parkfora.com – Tel. +90 212 265 50 63
  • Dans les passages du quartier Karakoys
    On adore ce restaurant presque aussi ancien que la ville, en plein passage, dans un quartier animé où les assiettes sont formidables …
    SEV-IÇ Restaurant – üseyinağa, Çiçek Pasajı, İstiklal Cd. 80/8, 34435 Beyoğlu/İstanbul – Tel.+90 212 244 28 67www.sevicrestaurant.com
  • Matbah, Ottamn palace cuisine
    Charmant, serein et délicieux, ce restaurant traditionnel est situé dans un hôtel élégant dans un ancien hôpital du XIXe siècle. Chambres et suites raffinées.
    Cankurtaran, Caferiye Sk. 6/1, 34400 Fatih/İstanbul – Tel. +90 212 514 61 51 – www.matbahrestaurant.com

Un incontournable : le grand Bazar. ©Judith Lossmann

SHOPPING ISTANBUL
Au grand Bazar : Cevahir Spice, Turkish Delight pour acheter des loukoums tout frais que le vendeur (charmant) vous fait déguster avant d’installer les parfums de votre choix dans des boîtes format familial. Aussi des épices, des thés, des huiles… Une bonne adresse, propre, tarifs indiqués. Une boutique a retenu notre attention : Zenneciler Sok. N° 48/50 Kappalicarsi Fatih – Istanbul. Tél. +90 212 522 42 42 – info@cevahirspice.com

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