samedi 20 avril 2024

Mala Junta, un film de Claudia Huaiquimilla

Mala Junta, un film de Claudia Huaiquimilla

Dans son premier long métrage de fiction, la réalisatrice chilienne Claudia Huaiquimilla prend la décision de suivre deux adolescents. À travers leurs parcours, elle met en lumière la difficulté de se construire en tant qu’adulte.

Dans son premier long métrage de fiction, la réalisatrice chilienne Claudia Huaiquimilla prend la décision de suivre deux adolescents. À travers leurs parcours, elle met en lumière la difficulté de se construire en tant qu’adulte.

Tano, jeune délinquant de Santiago de Chile, est envoyé chez son père qu’il n’a pas vu depuis des années. Ses méfaits répétés le conduisent dans le sud du pays qui lui est inconnu. À son arrivée, il fait la connaissance de Cheo, jeune lycéen timide et malmené au lycée. Au fil des jours, chacun apprend à s’apprivoiser et une amitié fraternelle voit le jour. D’un côté, Tano apprend à se maîtriser, à respecter son père et à devenir un homme. De l’autre, Cheo apprend à s’affirmer et à revendiquer ses origines Mapuche.

Ce film raconte le parcours initiatique de ces jeunes gens qui apprennent l’un de l’autre pour parvenir à surmonter leurs difficultés. Une épopée qui souligne aussi la complexité des relations parents-enfants. Mala junta, « mauvaise assemblée » en espagnol, insiste sur le rejet, la différence, les fragilités. Andrew Bargsted (Tano) se découvre une âme de caïd révolté alors que Francisco Perez-Bannen (Cheo) est irréprochable dans son rôle de jeune timide. Plongés dans les décors d’une forêt menacée par la déforestation, les deux acteurs s’en sortent remarquablement dans ces rôles d’une grande intensité.

Des faits réels dans une fiction
mala junta enterrement

Claudia Huaiquimilla, elle-même d’origine Mapuche, tenait à faire rentrer l’Histoire dans son premier long métrage. Sujet à tensions chez les Mapuche littéralement « Peuple de la Terre » dont les communautés aborigènes du Chili et d’Argentine sont réprimées depuis des années et notamment sous Pinochet. Les Mapuches accusent les descendants des colons européens de voler leurs terres. Un combat que Claudia Huaiquimilla montre dans toutes ses vérités.

En conclusion

Tout ce long métrage est porté par des paysages magnifiques. Situés principalement sur le territoire où vivait la famille de la réalisatrice, ces décors naturels ancrent encore plus la fiction dans la réalité. Empreintes d’une certaine mélancolie, ces terres font l’objet de terribles guerres entre les Mapuches qui souhaitent récupérer leur territoire et les usines de cellulose qui usent les sols alentours et déforestent les environs. La musique, exclusivement jouée avec des instruments Mapuche, apporte une note sud-américaine intense. La rareté des mélodies pendant le long métrage entraîne plus profondément le spectateur dans cette forêt dense. La musique, quelques notes intenses, concluent les différentes parties du film. Elle est sans aucun doute une actrice à part entière de l’histoire. Une Histoire toujours d’actualité chez les Mapuche.

Le film a remporté le prix lycéen de la fiction et le prix du public au festival Cinélatino de Toulouse en 2017 ainsi que le grand prix du festival de Valvidia en 2016 et révèle deux acteurs solaires. Nul doute que nous les retrouverons d’ici peu dans d’autres films sud-américains.


Informations pratiques : 

mala junta affiche web

Mala Junta, de Claudia Huaiquimilla avec Andrew Bargsted et Francisco Perez-Bannen
En salles à partir du 14 mars 2018.

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